Bonjour,
Un mois que je ne vous ai pas écrit, déjà. Il faut dire que les semaines passées ont été particulièrement remplies et/ou fatigantes, au choix.
Elles ont notamment été jalonnées par : une grippe carabinée (dont j’ai encore quelques séquelles aujourd’hui, j’ai vraiment l’impression d’avoir un corps en carton ces temps-ci), un nouvel anniversaire que j’ai fêté à la campagne entourée de ma famille, un nouveau tatouage et l’adoption d’un petit chat pour agrandir la famille (à l’heure où je vous écris elle vient tout juste d’arriver et n’a guère quitté sa cachette sous le lit).
Autant vous dire que je me souviendrai probablement bien de ce mois de mars, du moins, il me semble qu’il s’est passé suffisamment de life-changing moments pour que ce soit le cas. Mais au fond, de quoi se souvient-on, une fois que les années se sont accumulées telles un mille-feuilles sur notre existence ? Ou plutôt, comment s’en souvient-t-on ?
Ce matin-là, levée trop tôt pour un train qui m’emmène dans une ville où je n’ai jamais été pour faire encrer ma peau, j’ai humé l’air froid de l’hiver qui s’accroche et ai profité d’être presque seule dans les rues pour me souvenir d’une de mes vies antérieures. Celle d’il n’y a pas si longtemps et qui pourtant semble avoir appartenu à quelqu’un d’autre tant elle me semble lointaine. Une vie où j’étais debout au petit matin, à préparer desserts, sandwiches et salades de fruits en t-shirt bleu et charlotte sur la tête.
Ces matins dans le métro qui sentent la viennoiserie industrielle me rappelleront pour toujours mes premières années à Paris. Celles de la fac, quand je portais des collants de toutes les couleurs et buvais de mauvais cafés en fumant des clopes dans la petite cour de mon université, entre deux parties de tarot. Celles où j’étais à 7h au travail, encore trop jeune pour être vraiment fatiguée de ce rythme. Odeurs de croissant et de métro. Couleurs bleues, grises et oranges d’un soleil qui se lève sur une ville qui dort.
Les souvenirs s’accrochent toujours mieux aux parfums, aux couleurs et aux impressions, dans mon cas du moins. Je me souviens toujours très mal des dates par exemple, et mis à part quelques dates marquantes, retrouver quand exactement s’est passé telle ou telle chose me demande souvent beaucoup d’efforts (ou alors je m’appuie sur les métadonnées de mes photos #astuce).
On prend des photos, des vidéos pour se souvenir, on écrit, mais parfois malgré tout, le souvenir s’échappe. J’avais lu il y a quelques années L'Art de se créer de beaux souvenirs, de Meik Wiking (l’auteur des livres sur le Hygge et le Lykke, vous savez) et j’avais retenu que pour mieux se souvenir, faire intervenir nos sens pouvait nous y aider - porter un parfum différent, manger un plat particulier…
Finalement, ça se fait toujours un peu inconsciemment je pense - qui n’a pas le souvenir d’un gâteau d’anniversaire bien précis, d’un parfum qui vous rappelle quelqu’un ou même le souvenir d’une étoffe sur la peau ?
De nature nostalgique, j’ai toujours aimé revisiter le passé, d’une manière ou d’une autre. Déjà quand j’étais petite, j’adorais regarder les K7 sur lesquelles mes parents ont compilé des bouts d’enfance. Je regardais inlassablement celles des mes soirées à trouer mes petits chaussons de danse en m’improvisant petit rat de l’opéra ou encore celle (qui n’a plus de son) filmée à Londres et Windsor, où je porte cette petite robe blanche (de la marque Barbie je crois, j’adorais cette robe) en tulle et pois blancs. (je suis visiblement aussi terriblement égocentrique)
Je me souviens encore aujourd’hui de l’odeur des boîtes dans lesquelles se trouvaient toutes mes photos d’enfance (et celles de la jeunesse de mes parents), du bruit du caméscope qui rembobine automatiquement les K7 une fois ces dernières visionnées ou encore de la sensation du tissu rayé du tabouret de piano de ma mère, dans lequel (surprise) se cachaient aussi des photos, jetées pêle-mêle.
Aujourd’hui, je me dis souvent que je devrais faire imprimer plus régulièrement des photos car on en prend trop avec nos téléphones, mais je ne prends jamais le temps de le faire. Et puis j’écris, peut-être dans des carnets que je ne relirai pas forcément, mais j’ai parfois envie de tout écrire, pour ne rien oublier, alors que bon, parfois il est bon d’oublier.
Et vous, quel est votre rapport aux souvenirs, au temps qui passe et à ce que vous en retenez ?
A lire & à regarder (et à jouer !)
Si je me souviens facilement de choses tout à fait incongrues (comme de la provenance exacte de la majorité de mes vêtements) il a fallu que je me creuse la tête cinq minutes pour me souvenir ce que j’avais lu ces dernières semaines : heureusement, Goodreads est aussi là pour m’aider à me souvenir.
Et alors s’il y a bien un livre que je vous conseille de lire, c’est celui de Titiou Lecoq, Les grandes oubliées : pourquoi l’Histoire a effacé les femmes, qui est déjà sorti en 2021 mais que je n’avais pas eu l’occasion de lire avant. Maintenant que c’est chose faite, autant vous dire que je suis encore plus remontée contre le patriarcat (quel autre coupable ?) même si je cherche encore les raisons pour lesquelles les femmes ont sciemment été écartées de l’Histoire.
Le livre se lit vite, c’est drôle et léger parfois, on y apprend une foule de choses sur l’Histoire des femmes et je pense que ça devrait être lu à l’école, pour faire enfin sortir de l’ombre toutes ces femmes qui y ont été contraintes toutes ces années.
Au cinéma, le film qui m’a le plus plu ces dernières semaines c’était Mon Crime, le dernier François Ozon, qui met en scène deux jeunes femmes qui sortent de la misère grâce au prétendu crime de l’une d’elles… elle aurait tué un vieux producteur libidineux pour sauver son honneur et se trouve acquittée, devenant par la même occasion une sorte d’icône féministe de son temps.
Le film est merveilleusement bien rythmé, drôle et très beau à regarder par ailleurs (je suis toujours très sensible aux décors et costumes, et là j’ai été servie par ce joli Paris des années 1930) - j’ai passé un très bon moment et vous conseille chaleureusement d’aller le voir à votre tour !
Je ne résiste pas non plus à vous recommander un jeu ! Si comme moi vous aimez Animal Crossing et autres Sims, alors peut-être que Disney Dreamlight Valley vous plaira ? C’est un mélange de jeu d’aventures avec des petites missions à effectuer et de jeu de farming avec plantes et autres objets à ramasser pour faire évoluer et décorer votre monde qui s’inscrit donc dans l’univers de Disney.
Le jeu n’est pas dénué de bugs et j’ai ouïe dire qu’il devrait être gratuit dans l’année qui arrive (donc si vous voulez attendre, ça peut valoir le coup) mais écoutez, ça m’occupe bien, et je le trouve plutôt rigolo (et parfait pour égayer mes après-midis pluvieux).
Ah et j’ai failli oublier ! Ma petite sœur, férue d’art et qui court les expos bien plus que moi, a lancé tout récemment sa newsletter, alors si le sujet des musées et de leurs expositions vous intéresse, je vous invite vivement à y jeter un œil :
Je termine cette newsletter avec une chanson, le dernier morceau de Nothing but Thieves que j’ai pas mal écouté ces derniers temps.
Merci de m’avoir lue, je pense que j’aurais pu parler encore longuement de (mes) souvenirs mais nul doute que ce n’est pas la dernière fois que je le ferai.
Très bon dimanche à vous, à bientôt !
Je me reconnais pas mal dans ton rapport aux souvenirs !
Récemment dans la rue j'ai senti l'exacte odeur des gâteaux au chocolat qui étaient faits pour nos anniversaires d'enfant : ces gâteaux qui ne sont pas incroyables, toujours un tout petit peu trop secs mais qui ont une odeur si particulière ! Ça m'a propulsé instantanément à table autour d'un gâteau orné de bougies et ça me fascine tellement à chaque fois à quel point certaines odeurs si précises peuvent activer des souvenirs à des moments où l'on s'y attend le moins.