Bonjour,
Ces derniers temps, il faut bien le dire, ma santé mentale est fluctuante. Je ne sais pas bien si c’est une dépression saisonnière, une dépression tout court, ou juste un trop plein d’émotions que je n’arrive plus à canaliser tandis que l’année se termine et qu’une année chargée m’attend (si vous l’ignoriez, je me suis inscrite à un concours l’an prochain, précieux sésame qui légitimerait ma présence en bibliothèque et j’ai la chance d’avoir réussi à décrocher une place en prépa, qui commence en janvier).
Alors si on y ajoute l’indignation presque quotidienne qui m’étreint dès que je jette un œil sur les actualités, il me semble tout à fait légitime de vouloir passer le restant de mes jours sous la couette, avec mon chat.
D’ailleurs, je suis beaucoup plus indignée aujourd’hui, à la trentaine passée, que lorsque j’avais vingt ans, et je me suis toujours demandé pourquoi, d’autant plus que la jeunesse est souvent synonyme de remise en cause du système et d’activisme (enfin, il me semble ?).
Ceci étant dit, je crois que mon indignation s’est construite avec le temps, avec les expériences et l’observation que j’ai pu faire de mes contemporains.
Alors ce n’est pas plus mal, car elle a grandi en même temps que ma maturité et aujourd’hui je crois que ça me permet de pouvoir énoncer posément mes valeurs et ce en quoi je crois, là où, plus jeune, je n’aurais peut-être pas osé porter mes valeurs en étendard. (et où je ne savais pas encore bien qui j’étais, mais le sait-on un jour ?)
Et pourtant ça ne me protège pas de la violence de l’indignation que je peux ressentir quand je lis des récits d’abus perpétrés contre de jeunes filles par un YouTubeur à la gloire passée (attention, l’article est difficile à lire), quand un certain auteur de BD à caractère pédopornographique se pose en victime, pendant qu’une majeure partie du milieu éditorial crie à la censure ou encore quand un certain insoumis ose se lamenter sur son sort en public (alors qu’il a été condamné hein).
J’ai aussi beaucoup de mal à contenir le déferlement d’émotions qui m’assiège quand certain‧es affichent sans fard leur mépris, leur mauvaise foi, leurs mensonges, etc. (liste évidemment non exhaustive)
Peut-être qu’avec le temps, je finirai par trouver des façons de m’indigner qui ne m’abîment pas moi, des façons de prendre du recul, d’utiliser l’énergie de cet indignation pour agir concrètement... (si vous avez des idées, je suis toute ouïe)
Et si la solution était dans le collectif ?
L’autre jour, je suis allée voir Annie Colère au cinéma et le film a vraiment touché une corde sensible.
Le film raconte le parcours d’Annie (interprétée par Laure Calamy) qui, lorsqu’elle se retrouve enceinte par accident, rencontre le MLAC (Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception) qui pratique les avortements illégaux aux yeux de tous. Suite à son avortement, elle ne rejoint pas tout de suite les activistes de la MLAC, mais une tragédie personnelle finit par l’y pousser et cet engagement va la transformer.
Au delà d’être un film féministe important et extrêmement bien réalisé (par Blandine Lenoir) et bien joué (l’ensemble des actrices est incroyable) au sujet d’autant plus important que l’avortement est menacé aux États-Unis, c’est un film qui met en avant la puissance de l’action collective et de la sororité d’une très belle façon.
J’ai été bouleversée par certaines scènes, très intimes et très belles, et écouter l’Hymne des Femmes pendant le générique a achevé de me vider de mes larmes. (quand je vous disais que mes émotions ont tendance a déferler, c’était pas de la fiction)
Le film se termine sur le vote de la loi Veil, en 1975 et sur une question qui m’a beaucoup travaillée depuis : comment les femmes qui vont se faire avorter vont être accompagnées à l’avenir ? où sera le soin, la tendresse apportée par les membres du MLAC ?
Ici, cette inscription du droit à l’avortement dans la loi, aussi nécessaire qu’elle soit, s’est accompagné d’un constat doux-amer - celui d’une perte du soin des unes aux autres que l’engagement collectif et le rassemblement apportait aux femmes.
Ce qui, par ricochet, m’a fait réfléchir à ma propre absence de militantisme, et même à mon isolement - je ne fais vraiment partie d’un groupe d’ami‧es proches, je n’ai pas véritablement le temps de m’engager concrètement auprès d’un mouvement quel qu’il soit et tout ça m’a rendue un peu triste. (et tout ça me semble encore une fois lié aux grands maux de notre société - à savoir le patriarcat et le capitalisme - mais cette newsletter me paraît déjà trop longue pour entrer dans ce sujet)
En tout cas, si ce n’était pas déjà évident, je vous conseille de tout cœur d’aller voir Annie Colère, avec vos sœurs, vos amies (et puis les hommes de votre entourage aussi, bien sûr).
À lire & à regarder
Avant de vous laisser, j’avais tout de même quelques autres petites choses à partager avec vous - promis, il y a un peu de légèreté au programme !
D’abord, ce n’est pas léger du tout, mais j’ai trouvé l’analyse de Mona Chollet sur le débat autour du film Les Amandiers (que je n’ai pas vu) et des réactions de sa réalisatrice Valérie Bruni-Tedeschi subtile et intelligente, et je dois dire que ça me donne encore moins envie de voir le film… (je ne suis pas très fan de la réalisatrice de toute façon)
Ensuite un article (en anglais) qui a été publié l’an dernier mais qui reste toujours pertinent et qui démontre point par point qu’être gros‧se n’est pas forcément synonyme de mauvaise santé et perdre du poids ne l’améliore pas systématiquement non plus. À diffuser, lire, relire et faire lire au corps médical…
J’ai aussi beaucoup aimé la dernière édition de la newsletter de Sandrine, Vinclusif, qui m’a donné envie de manger des lasagnes, un plat que j’adore mais que bizarrement je ne prépare quasiment jamais (allez comprendre). Et tant qu’on est dans le sujet du réconfort culinaire, j’ai hâte d’aller boire du vin chaud chez mes parents la semaine prochaine à Noël - voici une recette si jamais ça vous dit aussi !
Et pour finir, si vous aimez les dessins animés, je vous conseille de jeter un œil au Cuphead Show, sur Netflix.
Adapté d’un jeu vidéo (assez difficile mais très chouette) on y suit les aventures de Cuphead et son frère Mugman, dans un univers très reminiscent de l’âge d’or des films d’animation américains et moi : j’adore. La bande-son jazzy, les situations rocambolesques, l’animation à l’ancienne… rien que le générique suffit à me mettre de bonne humeur.
C’est très bête, mais aussi parfois très drôle (quand on est attentif aux jeux de mots) et surtout c’est léger et c’est tout ce que je cherche après une longue journée de travail.
Merci de m’avoir lue, j’espère que cette nouvelle édition vous a plu et peut-être donné matière à réflexion…
Bon dimanche & passez de belles fêtes !