Bonjour,
En ce moment, si je devais résumer ma principale source d’anxiété, je dirais que c’est le changement. Et plus j’y réfléchis ces derniers temps, plus je suis traversée de sentiments ambivalents. Alors évidemment, j’ai eu envie d’en parler ici, avec vous (même si je devrais sans doute creuser le sujet avec un‧e psy1).
Changement (nom masculin)
Action, fait de changer, de modifier quelque chose, passage d'un état à un autre
Fait d'être modifié, changé ; modification, transformation
Modification profonde, rupture de rythme ; tout ce qui rompt les habitudes, bouleverse l'ordre établi
Clairement, je n’ai jamais été une grande adepte du changement - j’aime mes habitudes, le confort qu’elles m’apportent et si j’ai parfois regretté de ne pas être plus aventureuse (un trait de personnalité bien plus valorisé par la société me semble-t-il) ça fait un moment que je me suis accommodée de la chose. Ma nature profonde est d’être un hobbit, voilà tout.
Mais si de mon côté je n’ai jamais eu à me battre contre un dragon, il a tout de même fallu que je vive mon lot de changements dans ma vie, comme tout le monde - déménagements, nouvelles écoles, nouveaux jobs, amitiés fluctuantes, corps qui change, etc. Et j’ai toujours cru, du moins jusqu’à récemment, que je vivais ces bouleversements (plus ou moins importants) avec une certaine forme de sérénité, voire de pragmatisme… sauf que je n’en suis plus si sûre.
Concrètement, par exemple, ces temps-ci au travail, beaucoup de choses changent. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais si j’ai d’abord accueilli tout ça avec enthousiasme, ces dernières semaines je sens que ça m’apporte beaucoup d’anxiété. Une anxiété qui altère à la fois mon humeur et mon efficacité, et le moins qu’on puisse dire c’est que ça ne me plaît pas trop.
En essayant de comprendre pourquoi tout ça m’affecte autant, j’en suis arrivée à la conclusion que c’est parce que ces changements sont à la fois très rapides et quelque peu dépourvus de méthode… autrement dit, c’est fait à l’arrache et ça me désoriente quelque peu. Je crois que j’ai besoin d’être rassurée par des modes d’emploi, par un balisage clair et précis avant de me jeter à l’eau.
Mais tout ça me rend perplexe parce que je me suis toujours considérée comme étant une personne assez spontanée, parfois impulsive et très (trop) carpe diem, qui se dit souvent “oh on verra bien” avec nonchalance. Comment se fait-il que cohabitent en moi ces deux modes de fonctionnement totalement opposés ? (c’est un peu Dr Jekyll et Mr Hyde tout ça)
Peut-être parce que ces temps-ci (et par là je veux dire depuis de longs mois) il y a trop de changements en cours ou à venir dans ma vie. Et celui qui occupe vraiment beaucoup trop mon espace mental c’est celui qui implique de quitter ma vie parisienne dans un futur plus ou moins proche et c’est un gros changement - en tout cas moi, ça me paraît énorme2.
En fait, ça doit être ça : c’est une question d’équilibre. Trop de changements d’un coup, et c’est comme si ma barque était prise dans un torrent et je ne sais plus bien où donner de la tête. (à me lire là, je me dis que je suis vraiment une drama queen…)
Pourtant, pour avoir vécu des changements parfois brutaux (comme devoir trouver un appartement très, très vite avec des revenus modestes à Paris par exemple) je sais qu’il ne s’agit que d’un état passager et qu’une fois de l’autre côté de la rive, la vie reprend son cours, tranquillement, sans doute différemment, mais ça, ce n’est pas grave.
Une amie me disait l’autre jour que le changement c’est bien aussi. Et oui, bien sûr, j’ai beau dire que je ne suis peut-être pas très aventureuse, ce n’est peut-être pas si vrai. Changer de trajectoire professionnelle à plus de trente ans, il fallait oser tout de même. Voyager seule (certes pas très longtemps et pas très loin) aussi.
Je ne crois pas avoir peur du changement, c’est juste que le traverser m’a souvent paru très désagréable et source d’anxiété. Comment vous faites, vous, pour vivre le changement avec sérénité ?
Parce que ma solution à moi c’est de me plonger dans d’autres mondes à travers la fiction, mais je ne suis pas certaine que ce soit la meilleure…
Mes recommandations culturelles
D’ailleurs, en parlant de fiction, j’ai deux, trois choses à vous faire découvrir !
📚 Côté lecture, il y a deux livres qui m’ont particulièrement marquée récemment. Le premier est la BD Peau d’homme (de Hubert et Zanzim) qui avait beaucoup fait parler d’elle à sa sortie. J’avais eu envie de la lire à l’époque, et puis j’ai un peu oublié… Mais j’ai tout de même fini par l’emprunter à la bibliothèque récemment et ça m’a globalement bien plu.
On y suit Bianca, une jeune femme à la Renaissance qui se languit de connaître son futur époux, Giovanni. Mais à l’époque, on ne fait pas vraiment connaissance avec son fiancé avant le mariage… sauf que dans la famille de Bianca, les femmes se transmettent un secret de mère en fille : une peau d’homme. Cette dernière permet à Bianca de se glisser dans la peau de Lorenzo et ainsi de se fondre dans le monde des hommes et faire connaissance avec Giovanni.
Je ne vous en dit pas plus, parce que personnellement, je ne m’attendais pas du tout à la suite, je dois bien le dire… J’ai trouvé l’histoire pleine de modernité et de fraicheur, mais j’ai tout de même relevé quelques bémols (que vous pouvez découvrir dans ma critique sur Goodreads, mais attention, ça spoile beaucoup si vous n’avez pas lu la BD) qui tempèrent un peu mon appréciation. À découvrir, mais avec un esprit critique !
Le second livre dont je voulais vous parler est une lecture toute récente (je l’ai terminé ce matin, à l’heure où je vous écris) et je pense que je n’ai pas fini d’y songer dans les jours à venir… Il s’agit de Piranesi, de Susanna Clarke, un livre à la fois très beau et très étrange, très déstabilisant au début, dans sa description du monde fantastique dans lequel vit le narrateur, mais aussi assez poétique finalement.
J’ai aimé cette étrangeté, mais aussi le personnage de Piranesi, son empathie, découvrir la vie qu’il mène dans ce monde étrange peuplé de statues, d’oiseaux, d’eau et de solitude… et j’ai beaucoup aimé les métaphores évoquées par le récit. C’est probablement un livre qui évoque des choses différentes à chacun‧e de ses lecteurs‧ices et dont le propos vous hante encore longtemps après.
Et si vous n’avez jamais lu Jonathan Strange & Mr Norell, de la même autrice, mais que vous aimez la fantasy, la Grande Bretagne et le style littéraire de Jane Austen, ne passez pas à côté de ce livre fantastique !
🎧 J’ai écouté quelques épisodes de podcast récemment lors d’une session couverture de livres au boulot, et c’était intéressant, notamment deux épisodes de On peut plus rien dire (Binge audio) qui parlaient de PMA - à savoir “A quoi ça sert (vraiment) de congeler ses ovocytes ?” et “La PMA pour toutes, sauf pour les personnes grosses ?”.
C’était très instructif et même si le dernier épisode a fait éclore quelques angoisses en moi (certains témoignages sont assez violents à écouter, gros trigger warning côté maltraitance médicale) j’y ai appris pas mal de choses que j’ignorais.
🎬 Si au ciné le dernier film que j’ai vu était le dernier Indiana Jones (pas mal, mais j’avoue que j’ai un peu baillé parce que je l’ai trouvé long…) je me suis rendue compte que je ne vous avais pas parlé de L’amour et les forêts, le dernier film de Valérie Donzelli, adapté du livre éponyme d’Éric Reinhardt.
C’est une histoire d’amour au premier abord, avant qu’on ne se rende compte qu’il s’agit surtout d’une histoire d’emprise et de violence psychologique... De fait, je m’attendais à quelque chose de très difficile à regarder et si en effet, certaines scènes sont plus dures que d’autres, j’y ai retrouvé la patte surannée et hors du temps que Valérie Donzelli donne à tous ses films (ou du moins à ceux que j’ai vus et aimés) et qui rend le propos moins difficile à regarder je crois.
Le cinéma de Valérie Donzelli est pour moi très proche du conte, rempli de fantaisie, de moments hors du temps, et malgré le sujet, ce film ne fait pas exception. Ici j’ai notamment aimé son grain d’image, sa musique orchestrale et puis ses acteurs - Virginie Efira est incroyable, comme souvent.
En revanche je n’ai pas lu le livre d’Éric Reinhardt, alors je ne saurais dire si le film est fidèle ou non, à vous de me le dire si vous avez vu/lu les deux !
Le film est encore en salles, alors si jamais vous hésitiez à aller le voir, je vous conseille de ne plus hésiter longtemps.
Et pour prolonger un peu le plaisir d’avoir revu MUSE en concert le week-end dernier, je vous laisse avec ce morceau (introduit en concert par une fugue de Bach très Hallowenesque) pas vraiment de saison mais qui était tellement cool en live qu’il me fallait le partager avec vous…
Bon dimanche et à bientôt !
D’ailleurs, si vous avec une bonne psychologue à me recommander à Paris… c’est pas pour une amie ! (parce qu’en vrai : comment on fait pour choisir son/sa psy ? me remettre au hasard me semble trop… hasardeux)
J’ai beau faire la liste de tous les avantages (et inconvénients) de ce futur bouleversement, qui (soyons honnêtes) dans les faits n’est pas si énorme (on parle de déménager 20km plus loin et les habitudes, ça se change et puis voilà tout) à peu près tous les jours, mes émotions prennent toujours le dessus sur ma raison…
Hello, alors pour trouver ta psy je te conseillerai de passer par ton médecin traitant. C'est ce que j'ai fait 2 fois et je n'ai pas été déçu. Si tu n'as pas de médecin traitant ou pas totale confiance en lui je te donnerai l'adresse d'une que je voyais quand j'étais sur Paris. Bon dimanche
Et bien ta newsletter tape très juste aujourd'hui. Le changement est aussi ma grande thématique du moment. Je doute qu'elle puisse être abordée de manière sereine un jour de mon côté, c'est généralement pour ça que c'est quelque chose qui ne survient que quand l'immobilisme me semble trop coûteux.
J'admire les personnes qui ont l'air de ne pas être atteintes par ces moments où il faut réajuster ce qu'on a l'impression de connaître et de savoir.
Plein de bises dans le changement 🌻