Bonjour,
Ces temps-ci je m’adonne régulièrement à une de mes occupations (autocentrées) préférées, à savoir parcourir les souvenirs de mon passé, mais aussi imaginer la personne que je vais bientôt devenir.
Devenir bientôt mère - une phrase toute simple, pour une réalité qu’il me semble pourtant difficile à imaginer pour de vrai. Tout au long de la vie, j’imagine qu’on passe tous par différentes versions de nous-mêmes, et je me demande souvent si aujourd’hui je rencontrais la personne que j’étais à vingt ans, par exemple, je me reconnaitrais en elle.
Change-t-on vraiment ? Pour revenir à mes vingt ans, je me souviens que c’était un âge où j’étais à la fois terrifiée de l’avenir (je ne savais pas quoi faire de moi et suivais un cursus d’études qui me plaisait mais je n’étais pas certaine qu’il allait m’offrir beaucoup de perspectives d’avenir concrets) et à la fois je m’en souviens comme d’une période d’insouciance. Après tout, je n’avais que vingt ans, la vie était devant moi !
Mais n’est-ce pas un sentiment que je ressens uniquement à posteriori ? Parce que je me souviens aussi de mon manque d’assurance, de mon envie de plaire (aux garçons) qui prenait bien trop de place, tant et si bien que je vivais bon nombre d’aventures, grisée par cette subite attention qui m’avait manquée à l’adolescence et je crois que je me sentais assez perdue, globalement.
Et puis finalement, même si je me suis beaucoup laissée porter, sans faire de plans d’avenir très précis, je ne regrette pas cette vie un peu bohème - j’ai travaillé très tôt, en parallèle de mes études, j’aimais beaucoup l’entreprise dans laquelle je bossais, je rencontrais plein de gens et je m’amusais pas mal pour tromper la solitude (à l’époque je n’étais pas encore très à l’aise avec elle). À la fin de mes études, j’ai changé de boulot, l’ambiance était plus calme et ma vie est devenue plus calme elle aussi.
Et puis, encore un peu plus tard, j’ai rencontré celui qui partage ma vie depuis sept ans maintenant et nul doute que j’ai encore changé durant toutes ces années. La célibataire éternelle qui n’avait jamais connu de véritable relation amoureuse n’était plus, voici venue la version “Yasmine en couple” !
Mais change-t-on vraiment ? C’est ça au fond que je me demande à chaque fois que j’examine ces différentes versions de moi-même - la version étudiante, la version qui travaillait dans un restaurant, celle qui faisait beaucoup la fête, celle qui a fait un Erasmus à Nottingham, celle qui vit en couple, celle qui ne sait pas quoi faire de sa vie…
Évidemment, chaque version de nous-même n’est qu’une facette, plus ou moins importante, qui vient forger la personne qu’on est aujourd’hui. À titre personnel, je suis très heureuse d’avoir vécu toutes ces expériences (parfois assez contrastées) qui ont fait de moi la personne que je suis maintenant.
Mais vient alors la question qui me taraude en ce moment… Est-ce que devenir mère va tout changer, ou est-ce que ce ne sera qu’une nouvelle facette de moi ? Devenir parent semble être un rôle qui prend tellement de place, que j’ai un peu peur de me perdre, si je puis dire.
S’occuper d’un enfant semble requérir tellement de temps, d’énergie et de soi… Et puis, quelle mère vais-je devenir ? Est-ce que c’est un rôle qui me plaira, au fond ? C’est d’ailleurs (notamment) pour ça que j’ai si longtemps hésité à sauter le pas, car c’est le seul rôle de notre vie où il n’y a pas de casting, pas de répétitions et surtout, aucun moyen de reculer une fois qu’on y est.
D’aucuns diraient que je me pose trop de questions, comme toujours, mais malgré ma propension à me laisser porter par la vie (encore beaucoup aujourd’hui) j’ai aussi (souvent) besoin d’imaginer les choses au plus près, pour me sentir prête. Mais c’est un peu illusoire concernant la parentalité, tant ça dépend de mille et une choses… c’est un serpent qui se mord la queue cette histoire.
Depuis quelques jours, je sais aussi que je vais être la maman d’un petit garçon, alors que (allez savoir pourquoi) j’ai toujours pensé que si j’avais un enfant un jour, ce serait une fille1. On m’a demandé si j’étais déçue, et non, je crois que c’est surtout de la surprise et il m’a juste fallu un petit temps pour réajuster l’image de moi en tant que (future) mère.
Au fond, je ne crois pas que ça changera grand chose, une fille ou un garçon. Vous vous en doutez peut-être, j’aspire à une éducation la plus non-genrée possible… mais j’ai peur que ça ne soit pas aussi simple que ça (vu la société dans laquelle on évolue). Mais ceci est une autre (vaste) question !
Il me reste encore quelques mois avant de découvrir quelle personne je vais devenir en devenant maman (ça passe drôlement vite). Et nul doute que ce n’est pas à la seconde où naîtra cet enfant que je le saurai, évidemment, mais je suis curieuse. J’imagine plein de choses, mais la réalité sera peut-être tout autre ? J’espère en tout cas que malgré tout ce que je peux imaginer, ce sera une belle surprise…
Vous qui êtes parents, je serais curieuse de vous lire à ce sujet, alors n’hésitez pas à me laisser un petit mot !
À lire et à découvrir
Alors oui, en ce moment, mon esprit est encombré par des questions de puericulture et je passe plus de temps à mettre des bodies taille 3 mois en favoris sur Vinted (…) que le nez dans un bouquin ou un jeu vidéo, mais j’ai quand même quelques recommandations culturelles pour vous (qui n’ont rien à voir avec la parentalité, promis).
Côté lecture, dans un ordre décroissant, j’ai récemment lu d’une traite Fort Alamo de Fabrice Caro (autrement connu en tant que Fabcaro et pour ses BD absurdes) un court roman aussi drôle que mélancolique (je trouve) où l’on suit Cyril, un quinquagénaire un peu largué qui pense avoir le pouvoir de provoquer la mort de personnes l’ayant agacé. Ça parle de deuil, d’une façon douce-amère, c’est un peu absurde, un peu décalé, et j’ai bien aimé.
Ça se passe aux alentours des fêtes de Noël, donc à lire durant cette période (si comme moi vous aimez assortir vos lectures à la saison, même si là, je me suis un peu loupée).
J’ai aussi beaucoup aimé me replonger dans les strips de Salomé Lahoche, dans Peur de mourir mais flemme de vivre, qui compile notamment ce qu’elle a publié sur Instagram entre décembre 2022 et octobre 2024. J’ai encore une fois pas mal rigolé, même si contrairement à La vie est une corvée, je crois que j’avais déjà lu à peu près tous les strips présents dans le recueil, et c’était donc moins une découverte.
En tout cas, si vous ne connaissez pas encore Salomé Lahoche, qu’attendez-vous pour la suivre sur Instagram ?
Pour en revenir aux romans, l’un de ceux qui m’a le plus marqué récemment c’est Yellowface de R. F. Kuang, dont vous avez peut-être déjà entendu parler tant il a eu du succès à sa sortie en 2023.
Le roman est entièrement écrit du point de vue de June Hayward, autrice sans renom, qui assiste à la mort d’Athena Liu dans un accident… tout en profitant pour lui subtiliser le manuscrit qu’elle venait de terminer. June réécrit ce dernier et connaît un succès fou avec sa sortie. Seulement voilà, elle s’est aussi fait renommer Juniper Song, et surfe sur ce qui semble tout simplement être de l’appropriation culturelle (car June est blanche). Son secret va-t-il finir par être révélé ?
Ça se lit comme un thriller, j’ai été tenue en haleine tout au long du livre et pour quelqu’un qui aime autant les livres (les lire, les critiquer sur Goodreads et lire des critiques de livre sur les réseaux sociaux) que moi, ça m’a plu. L’autrice y aborde les thèmes d’appropriation culturelle, des privilèges et de la cruauté des réseaux sociaux avec une plume acérée et avec finesse. À lire !
Dans un style radicalement différent, je me suis aussi plongée il y a quelques semaines dans le premier roman de Céline Gabaret (que je prends plaisir à suivre depuis un moment sur les réseaux sociaux), À la lumière, où l’on suit Rosalie Sauvage, une professeure de piano qui mène une vie tranquille avec sa fille à La Rochelle, jusqu’à ce que sa mère lui révèle enfin l’identité de son père, qu’elle a ignoré toute sa vie durant.
Bousculée par cette révélation, elle va tenter de se rapprocher de manière détournée de ce père qui s’ignore… C’est un très joli roman au rythme plutôt lent, où globalement, il ne se passe pas grand chose, mais où on assiste à beaucoup d’introspection, de réflexions autour de la parentalité, de la maternité plus précisément (mais pas que), des chemins de vie et de l’amour, entre autres.
J’ai trouvé le tout plutôt mélancolique, mais lumineux et poétique - si vous aimez ce genre de romans, peut-être qu’il vous plaira aussi ?
Enfin, mon premier roman terminé en 2025 était une dystopie futuriste, Tout est sous Contrôle, de Christopher Bouix. On est plongés dans un monde pas si éloigné du notre, seulement voilà : ce monde est régi par le bonheur, et plus vous êtes heureux (et l’affichez sur le réseau social qui rythme vos journées, HappyApp) et votre indice de bonheur est élevé, plus vous pouvez espérer avoir de privilèges et de droits… dont celui de faire un enfant.
On suit donc un couple, Juliette et Néo, dans cette quête du bonheur (et de la parentalité) dans un monde qui est de plus en plus anxiogène à mesure qu’on le découvre. Je me suis totalement laissée embarquer dans ce roman assez cynique qui m’a offert quelques rebondissements que je n’avais pas anticipés et si ce genre de roman vous plaît, jetez-y peut-être un œil !
Autrement, je m’applique à aller au cinéma le plus possible ces temps-ci (du moins, autant que je peux dans les limites de ma fatigue et du fonctionnement du RER D…) d’autant plus que je réalise doucement que bientôt, il faudra renoncer à mon abonnement de cinéma illimité, probablement le renoncement le plus grand que je ferai en faveur de la parentalité2.
J’ai donc vu quelques chouettes films en ce début d’année ! Tout d’abord Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau, ce dessin animé sans paroles où l’on suit un chat noir (et quelques autres animaux) qui évoluent dans un monde post-apocalyptique soudainement pris dans une montée des eaux spectaculaire… C’était vraiment triste, beau, drôle, adorable, mélancolique, spirituel et plein d'espoir. Oui, tout ça à la fois.
Et ça me conforte dans mon avis sur les chiens (même si on s’entend : #notalldogs ahah).
J’ai aussi eu le cœur en miettes devant We Live in Time, avec Florence Pugh et Andrew Garfield qui ont une belle alchimie dans ce film dramatique où on assiste à leur rencontre, puis à leur façon de faire face à l’adversité… Je n’en dis pas trop, mais c’était incroyablement beau et triste, et je pense que Almut et Tobias ont rejoint mes couples de cinéma favoris.
Je suis aussi allée voir Comment Jane Austen a gâché ma vie, un film français très Yasmine-core, vu qu’il y est question de Jane Austen, d’une autrice un peu gauche en mal d’inspiration qui va faire une résidence d’écrivains en Angleterre et qui travaille chez Shakespeare & Co. J’ai trouvé ça léger et décalé, tout à fait ma came (et en plus Pablo Pauly fait aussi partie du casting). Ma sœur en revanche s’est ennuyée et n’a pas trop aimé, donc à voir…
Enfin, ma dernière grosse claque au ciné, c’était Conclave, et pourtant, j’aurais pas parié sur le fait qu'un film au sujet éminemment religieux aurait pu me plaire autant ! Ça se regarde comme un thriller, c’est extrêmement bien écrit et joué (Ralph Fiennes y est extraordinaire) et c’est très prenant. Sans oublier la photographie, incroyable.
Bref, c’était super, si vous avez l’occasion de le voir, n’hésitez pas !
Pas de séries à vous recommander cette fois, on est en train de rattraper des retards de visionnage (The Good Fight, les dernières saisons, très bizarre par ailleurs de les regarder maintenant que Trump est revenu au pouvoir… et Schmigadoon en ce moment) et on en a beaucoup !
Est-ce que vous avez des livres, films ou séries à me recommander, vous ?
C’est ici que je vous laisse pour cette fois - merci de me lire, passez un beau dimanche et à très vite !
Sans doute parce que je viens d’une famille de filles, et que globalement, j’évolue dans un environnement très féminin, j’ai peu d’amis masculins par exemple…
Quelle drama queen, oui, mais quand ça fait quinze ans que vous allez au ciné toutes les semaines en moyenne et que vous adorez ça, écoutez, ne plus le faire pour une période indéterminée, c’est un renoncement. (J’espère que mon fils aimera autant le cinéma que moi.)
Pour la maternité, je dirais qu'il n'y a pas une déflagration qui arrive à la naissance, où on devient une autre personne. Cela se fait progressivement, chaque jour on découvre cet autre être qui partage notre vie. Je reste moi, tout en étant très différente. Je ne connaissais pas cet adage, il sonne assez juste <3 Je pensais aussi que j'aurai une fille, et ce fut la surprise de découvrir que ça allait être un baby boy. Je te souhaite plein de douceur.
Je ne sais pas si on change au cours de notre vie, j'ai plutôt l'impression que l'on évolue (un peu comme les pokémons - ma fille de 5 ans commence à m'en parler!). Avec 1 (ou des enfants), on découvre une nouvelle facette de soi-même, parfois très surprenante (la patience !).
Pour la question du genre, les premières années, avant l'entrée à l'école, c'est simple d'élever son enfant "non genré"... et puis, l'école, les copains/copines ... et les jeux genrés apparaissent dans la cour de récré, même si on fait tout notre possible pour l'éviter (la meilleure solution : côtoyer des enfants d'amis / cousins qui ont le sexe opposé pour apprendre à nos enfants que c'est OK de jouer avec un enfant de l'autre sexe).
Sur le cinéma, ça a été, l'un de plus grand renoncement de m parentalité : je n'y vais plus que 2 fois par an, lorsque je vais chez mes parents qui peuvent garder les enfants le temps de la séance.
Encore une fois, merci pour tes mots qui rappellent la douce époque des blogs !
Bonne fin de grossesse :)