From the other side
Me voilà devenue maman.
Bonjour,
Alors que je commence l’écriture de cette newsletter, mon fils1 somnole doucement à côté de moi et je me dis que je n’arriverai sans doute pas à finir ce texte avant le prochain biberon (qui me sera sans doute réclamé incessamment sous peu). Mais la faim de mon enfant ne sera pas la seule en cause - j’ai beaucoup de choses à dire, mais aucune idée de la manière dont les dire, ou dans quel ordre rassembler mes pensées.
Ça fait déjà un peu plus de deux mois que ma vie n’est plus tout à fait la même et tous les jours, ou presque, j’ai voulu écrire, documenter le tourbillon qu’est le post-partum. Mais, comme je l’ai dit, c’est un tourbillon, et les premières semaines, si difficiles à de nombreux égards, ne m’ont pas laissé le temps, ni l’énergie d’écrire vraiment.
De ces premières semaines, de mon premier mois dans la maternité, je retiens beaucoup d’effarement. On se croit préparé, prêt à faire face2 et pourtant tout nous surprend. De l’allaitement qui ne se déroule pas du tout comme prévu (ça avait pourtant l’air simple sur le papier) jusqu’à la découverte des pleurs de décharge, en passant par mes ruminations au sujet de mon accouchement qui, s’il ne s’est objectivement pas mal passé, ne s’est pas passé comme je l’aurais voulu.
Je me souviens des larmes, de la douleur, de la fatigue, de la chaleur, des tâtonnements. De l’émerveillement aussi, au beau milieu de tout ça. Cet enfant, dont je ne savais pas comment dessiner les contours quand il était encore bien au chaud dans mon ventre, voilà qu’il était là, à nous regarder, dans ces moments où on s’apprivoisait tous les trois, encore incertains et un peu maladroits.
Les semaines suivantes ont été plus douces. Abandonner un allaitement qui ne fonctionnait pas de toute façon a été salutaire - j’ai retrouvé du temps, de l’énergie. J’ai retrouvé une forme de sérénité, notre rythme a retrouvé un semblant de normalité et on a aussi commencé à mieux comprendre notre enfant.
Aujourd’hui, je suis encore dans cette parenthèse hors du temps, où la vie, totalement bouleversée par l’arrivée d’un enfant, est très différente de celle vécue jusqu’alors et en même temps… pas tant que ça ? On a retrouvé certaines de nos habitudes3 et la langueur de l’été s’assortit à merveille au rythme très tranquille de nos journées, de manière à ce qu’on ne se sente pas trop en décalage avec le reste du monde. Il m’arrive même de m’ennuyer, moi qui croyais que la vie avec un enfant allait faire disparaître l’ennui pour quelques années…
Mais je sais que c’est une parenthèse. J’ai la chance d’avoir un compagnon qui n’a repris que partiellement son travail (et en télétravail en plus) mais quand il reprendra un rythme de travail “normal”, il sera temps de refermer la parenthèse, partiellement du moins. Car moi, pendant ce temps-là, je serai en congé parental, un autre genre de parenthèse dont je redoute les effets - quand j’ai envoyé ma demande de congé cette semaine4 c’était mi-heureuse à l’idée de ne pas retourner au travail tout de suite (j’aime mon travail, mais j'aime encore plus ne pas travailler), mi-inquiète en imaginant mon quotidien seule avec un bébé (tout en gagnant 448€/mois seulement5).
On verra bien. Je me suis rendue compte récemment6 que la vie se vivait plus au jour le jour que jamais - ou en tout cas que trop penser à tout ce qui nous attendait (qu’il s’agisse des premiers vaccins dans quelques jours, en passant par l’entrée à la crèche d’ici quelques mois, jusqu’au moment où on commencera la diversification alimentaire) me donnait beaucoup trop d’anxiété. Ce qui ne m’empêche pas, tous les jours, de me demander comment sera notre fils (et donc de quand même imaginer le futur) : quels aliments il aimera (ou non), quel sera le premier mot qu’il dira, s’il aimera les livres, quelle sera sa couleur préférée, s’il aura peur de l’orage…
Mais là où, pendant ma grossesse je ressentais le besoin de m’informer de manière quasiment exhaustive sur la grossesse, l’accouchement, le post-partum… etc, là, tout de suite, tout ce qui nous attend me semble tellement HUGE7 que je préfère découvrir petit à petit les choses. Peut-être que ça changera dans quelques semaines, qui sait. Mais pour l’instant je préfère profiter de notre petite bulle, voir ce petit bébé changer un peu tous les jours, m’émerveiller face à ses premiers sourires et probablement prendre beaucoup trop de photos parce que je le trouve vraiment trop adorable.
Ah d’ailleurs, il faut que je vous dise, moi qui avais quand même un peu peur de la rencontre avec mon bébé (vu que je ne suis globalement pas très émue ou intéressée par les enfants comme peuvent l’être d’autres personnes) eh bien : je l’adore et c’est évidemment le plus beau bébé du monde, en toute objectivité.
Il n’y a pas eu de coup de foudre (quand il est né, mon compagnon a fondu en larmes tellement il était ému, moi j’étais dans une sidération totale) et je m’en doutais, mais plus les jours passent, plus on s’apprivoise et plus je m’attache à lui. Continuer à faire connaissance avec cet enfant est probablement ce qui m’enthousiasme le plus quand je pense aux années à venir.
Et finalement j’ai pu écrire ce texte sans interruption - heureusement que cet enfant a aussi un père !
Des choses que j’ai aimé récemment
Comme je vous l’ai dit plus haut, notre vie a retrouvé un semblant de normalité et on arrive désormais à regarder un épisode de série sans interruption par exemple.
📺 En ce moment on termine de regarder Succession, et je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé, mais la série mérite amplement son succès, même si tout le monde y est détestable (et qu’on déteste encore plus les ultra-riches en regardant cette série).
On a également regardé les deux premières saisons de Severance et si je ne m’attendais absolument pas à autant de noirceur et d’étrangeté, j’ai été happée par ce récit de science-fiction totalement flippant, mais très bien écrit et superbement interprété - Adam Scott y est assez incroyable je trouve.
Dans un registre plus léger, on a regardé, totalement par hasard, Too Much, la nouvelle série de Lena Dunham et si j’y ai trouvé des choses vraiment chouettes (une héroïne grosse qui ne s’excuse pas d’exister, de l’humour et de la légèreté, une certaine modernité…), d’autres choses ne m’ont pas vraiment séduite (c’était globalement assez cringe et sa conclusion m’a laissée un peu dubitative). Disons que ça nous aura bien diverti le temps de dix épisodes, mais ça n’aura pas été inoubliable…
🎥 Et… je suis même retournée au cinéma depuis la naissance de mon fils ! Comme il est né un peu plus tôt qu’on ne le pensait, je n’avais pas eu l’occasion d’aller voir Life of Chuck avec mon mec, mais j’ai quand même pu aller le découvrir juste avant que mon abonnement de ciné illimité se termine et c’était drôlement chouette.
Encore une fois, je ne m’attendais pas à ça (je m’étais très peu renseignée sur le film) mais c’était une bonne surprise, un film assez beau et mélancolique au fond, dont on ressort un peu perdu dans ses pensées… Et la scène de danse de Tom Hiddleston valait amplement le coup !
Mais le film que je suis vraiment très contente d’avoir pris le temps de voir récemment c’est Materialists, le dernier film de Celine Song (la réalisatrice de Past Lives, que j’avais beaucoup aimé également). C’est un film très intelligent, qui parle encore une fois d’amour (comme Past Lives finalement) mais en critiquant la manière dont les relations amoureuses contemporaines sont calculées, tout en racontant une très belle histoire d’amour (enfin je trouve).
Je n’en dis pas trop, mais si vous êtes abonné‧es à la newsletter premium de Pauline, elle en a parlé avec beaucoup d’éloquence (et je partage totalement son avis).
🖋️ J’ai beaucoup moins lu ces derniers temps (j’en ai un peu moins envie aussi je crois) et n’ai pas eu de réel coup de cœur parmi ce que j’ai lu.
J’ai tout de même bien aimé me plonger dans le dernier roman de Serena Giuliano, Villa Gloria, dont l’ambiance italienne et les personnages hauts en couleur m’ont dépaysée ou encore dans la BD de Sophie Adriansen et Mathou, La Remplaçante, qui parle de post-partum de façon assez réaliste.
Mais je voulais surtout partager avec vous la newsletter de Julia Kerninon que je viens juste de découvrir et à laquelle je me suis abonnée fissa - Julia est une de mes plus belles découvertes littéraires de ces dernières années et je suis ravie de pouvoir la lire de façon régulière à l’avenir.
J’espère en tout cas que votre été est doux et moi je vous dis à une prochaine fois - bon dimanche à vous ♡
À chaque fois que je dis ou pense mon fils, je suis encore frappée par l’étrangeté de la chose - j’ai un fils, je suis devenue mère. Incroyable.
Surtout quand on est de bons élèves comme on l’a été, avec nos innombrables lectures en tout genre et cours de préparation à l’accouchement et à la parentalité suivis avec sérieux.
Comme regarder un épisode de série le soir sans être interrompus ou manger ensemble, des plaisirs simples qui étaient difficilement atteignables les toutes premières semaines.
Il faut le faire très tôt dans la fonction publique.
J’ai appris qu’une réforme du congé parental allait entrer en vigueur cet automne, et hélas, je n’y aurai pas droit - dommage !
En lisant le magazine Parents, qui m’a filé tout un tas d’angoisses face à des situations qu’on pourra rencontrer avec notre fils dans les années à venir.
Énorme.






Je suis très heureuse de lire que tout semble se mettre en place doucement pour toi et que le chamboulement ne soit pas trop trop cataclysmique (même si tout semble pouvoir changer très vite avec ces petites vies, ça a l’air d’être un moment de vie qui apprend très vite ce fameux vivre au jour le jour qu’on essaye tant d’atteindre constamment). Je suis en train de terminer de regarder Too Much et pareil, c’est chouette mais un peu cringe par moment et ce n’est pas une série qui restera en mémoire, elle a le mérite de distraire, c’est au moins ça ! Prends bien soin de toi c’était chouette de te lire ❤️
Je suis contente que tu aies pu voir Life of Chuck, en le voyant je me suis dit que c’était un film pour toi ✨ et je te rejoins sur Too Much, tout est dans le titre, c’est trop, trop exagéré, trop cringe, trop brouillon