Bonjour,
Me revoilà dans vos boîtes de bon matin, après plus d’un mois sans vous écrire - pas par manque d’envie, mais principalement par manque de temps. Pourtant l’été est souvent synonyme de temps long, de temps suspendu (et de temps retrouvé), alors disons-le plutôt comme ça : je n’ai pas pris le temps de vous écrire.
Et puis, à vrai dire, je ne voulais pas (trop) vous écrire sous le coup de l’émotion car ces dernières semaines ont été assez riches en émotions, parfois contradictoires d’ailleurs... Parce que ça y est : on déménage !
Tout s’est fait tellement vite. Je suis partie en vacances en étant parisienne, et quand je retournerai travailler mi-septembre, je ne le serai plus. Un mois de vacances, un mois pour déplacer mon quotidien. (autant vous dire que je pense que ces vacances n’auront trop rien de reposant)
Vous me connaissez : j’ai d’abord été très triste à l’idée de laisser pour-de-vrai plus de quinze ans de vie, d’habitudes et de souvenirs derrière moi. Je me doutais bien (et ce depuis le début) que je ne vivrai pas toute ma vie à Paris, mais le fait est que c’est l’endroit où j’ai vécu le plus longtemps de toute ma vie et que je m’y sens tout simplement chez moi.
Je la quitte pour plusieurs raisons, mais ce n’est certainement pas parce que j’en avais assez de ma vie ici. Et généralement, on quitte quand même un endroit en se disant que ce sera mieux ailleurs…
Les premiers jours qui ont suivi notre décision de déménager ont été très étranges. Toutes les personnes à qui j’annonçais la nouvelle avaient l’air plus enthousiastes que moi, tandis que je ne pouvais m’empêcher de penser à toutes les choses qui allaient me manquer. Ça a duré quelques jours, ce flottement.
Et puis j’ai passé un après-midi en tête à tête avec Paris. Après un déjeuner avec une amie, je suis allée me perdre dans les rues du 6e arrondissement. Je suis allée acheter du thé dans une boutique que je ne connaissais pas1, je suis passée dans une librairie anglophone pour voir s’ils avaient le livre que je cherchais, j’ai pris un bubble tea que j’ai bu en traversant le Jardin du Luxembourg en observant les gens (mon activité favorite).
J’avais quelques courses à faire encore, entre le Marché St Germain et la rue de Rennes et en passant devant le Vieux Colombier, j’ai entendu des accords de jazz… Alors après avoir acheté ma baguette au levain, je suis revenue dans ce café où jouaient deux musiciens de jazz, j’ai décidé de prendre un verre de vin et de profiter de ce petit moment entre moi et Saint Germain des Prés.
Ce début de soirée impromptu, où une jeune femme japonaise s’est mise à accompagner d’une voix d’opéra ces musiciens de jazz, ces derniers se faisant offrir des verres par un autre amateur de swing accoudé au bar en face de moi, tandis qu’une douce atmosphère joyeuse envahissait le café m’a fait un bien fou.
Grisée par le plaisir que procurent ce genre de moments imprévus, c’était aussi une façon, je crois, de dire au revoir à ma vie dans ce quartier, de ressentir une forme de closure… Les jours qui ont suivi ont été teintés de moins de nostalgie et je me suis mise à imaginer ma nouvelle vie avec plus d’enthousiasme.
Ça paraît sans doute beaucoup trop sentimental tout ce que je raconte, c’en est presque ridicule (c’est en tout cas ce que ma part de personnalité plus raisonnable m’assène quand je me laisse aller à ce trop-plein de nostalgie) mais c’est comme ça.
Quitter mon quotidien à Paris ce n’est pas juste quitter un quartier ou des habitudes. Je crois que c’est aussi un peu tourner la page sur ma jeunesse2, vu que c’est dans cette ville que je suis passée d’une jeune fille mal assurée (et en partie assez flippée de la vie citadine, un comble !) à la femme que je suis aujourd’hui, assurément plus sûre de savoir ce qu’elle veut, au fond, même si je n’en donne pas toujours l’impression...
Sur le Pont-Neuf j’ai rencontré
Semblance d’avant que je naisse
Cet enfant toujours effaré
Le fantôme de ma jeunesseSur le Pont-Neuf (extrait), Louis Aragon3
Alors oui : Paris ne bougera pas, et peut-être même que j’en profiterai encore plus à chaque fois que j’y viendrai dorénavant (qui sait) mais c’est tout de même une sacrée page qui se tourne.
Là où je vais, ce ne sera pas mieux, ce sera différent. Parce que Paris sera toujours Paris…
À lire & à regarder
Ces dernières semaines, aussi mouvementées qu’elles aient été, ne m’ont pas empêchée de me plonger dans d’autres univers et je dois dire que certains d’entre eux ont déjà rejoint mes favoris de l’année !
🎬 Au cinéma, j’avais très hâte de voir Barbie (sans surprise) et je l’ai tellement aimé que je suis même allée le voir une deuxième fois.
Je l’ai trouvé fun, drôle et engagé - j’ai beaucoup ri, un peu pleuré et je sais que ce film va devenir un petit feel good movie pour moi à l’avenir (comptez sur moi pour demander le DVD au Père Noël). On a beaucoup parlé du féminisme du film (et notamment du fait qu’il ne soit pas assez abouti) et si je comprends ces critiques, je pense qu’il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un film “grand public” et à ce titre, je trouve qu’il fait le job.
Si vous ne l’avez pas déjà vu, évidemment je vous le conseille mille fois (ne serait-ce que pour la performance savoureuse de Ryan Gosling que j’adore).
Entre deux séances de Barbie, je suis aussi allée voir Le Manoir Hanté, nouvelle adaptation d’une attraction Disney à l’écran (eh oui, après Pirates des Caraïbes et Jungle Cruise plus récemment) et comme je ne m’attendais pas à grand chose, j’ai été agréablement surprise.
Son atmosphère très Nouvelle-Orléans et ses acteurs plutôt convaincants m’ont fait passer un agréable moment. Mais pourquoi diantre ce film n’est-il pas sorti aux alentours d’Halloween ?
📚 Côté lecture, on reste avec des fantômes, avec l’une de mes lectures favorites de l’année, à savoir Du Thé pour les Fantômes, de Chris Vuklisevic. Dans ce roman qui mêle terroir et fantastique, on suit la vie et la relation de deux sœurs jumelles que tout oppose, plus particulièrement dans leur recherche du fantôme de leur mère récemment disparue…
L’univers qui s’y déploie est à la fois étrange et familier, tout comme l’histoire a cette double saveur, entre noirceur et réconfort. J’ai beaucoup apprécié la plume singulière de l’autrice, la façon dont le narrateur nous entraîne à travers le récit et cette étrange histoire de famille. À découvrir !
Dans un autre genre, j’ai aussi apprécié ma lecture du dernier roman de Marie Charrel, Les Mangeurs de Nuit, qui raconte un morceau d’histoire du Canada que j’ignorais, à savoir le sort réservé aux immigrés japonais avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale.
On y suit l’histoire d’Hannah, fille d’immigrés japonais, prise entre deux identités et victime de discriminations, et Jack un creekwalker taciturne qui vit au rythme de la nature. Tous deux ont une existence infusée de légendes, japonaises et amérindiennes respectivement, et cet aspect du roman apporte une certaine magie au récit qui est assez dur par ailleurs.
📺 Un mot rapide sur la série que je suis ravie de retrouver en ce moment : la saison 2 de Good Omens (à voir sur Prime Video). On y retrouve Aziraphale et Crawley (Michael Sheen et le formidable David Tennant) qui ont survécu à la fin de la première saison grâce à un petit subterfuge, et qui ont tout l’Enfer et le Paradis à leurs trousses car l’archange Gabriel a disparu…
C’est toujours aussi drôle, savoureux et subtilement gay (bien plus encore que dans la première saison). Un vrai petit bonheur à regarder tous les soirs en ce moment !
✉️ Je voulais aussi partager quelques chouette newsletters que j’ai pu lire récemment (ou moins récemment, vu que je laisse souvent déborder ma boîte mail…). Tout d’abord la dernière de Sandrine, qui parle de grossophobie avec beaucoup de justesse. Ensuite, celle d’Ariane, qui parle de notre rapport au sport, et qu’il suffit peut-être d’aimer un sport pour “s’y mettre”. Avec mon futur emménagement, je me demande si ça ne sera pas l’occasion de me (re)mettre au sport, alors forcément, cette newsletter a trouvé une résonance en moi.
Enfin, j’utilise cette recette de sauce (version beurre de cacahuète) dans tous mes plats d’inspiration un peu asiatique en ce moment et j’aime beaucoup me référer à cette matrice de sauce quand je manque d’inspiration !
Ma pile à lire de l’été
Avant de vous laisser, je voulais quand même partager avec vous une mini-pile à lire de l’été (chose que je faisais sur mon blog ces dernières années) même si cette année, mes vacances auront davantage une saveur de tri et de cartons que de lectures au soleil… Je pars quand même un peu à la campagne et à la mer, et il faudra bien que je fasse autre chose que de planifier notre déménagement !
Au menu de mes lectures de l’été il y aura donc (je vous mets les pages Goodreads pour les résumés) :
Un coup de soleil, de Serena Giuliano, un livre feel good qui se passe en Italie : parfait pour l’été non ? En vérité je triche, celui-là je l’ai déjà lu le week-end dernier, et ma foi c’était plutôt plaisant, je vous le recommande si vous aimez ce genre de littérature !
Beach Read, d’Emily Henry, encore une romance qui a l’air plutôt feel good et c’est totalement influencée par Pauline que j’ai voulu le lire, tout simplement. Par contre, j’ai bien fait attention à me procurer la version UK et non US car le livre n’a pas la même fin de l’autre côté de l’Atlantique - comment est-ce même possible !?
Un été en liberté, de Mélanie Edwards, un roman ado qui fleure bon l’été et la nostalgie, et que j’avais tout simplement croisé au détour des rayons de ma bibliothèque en me disant qu’il serait idéal à lire en vacances, l’été donc. Je pense que ça sera assez doux.
La Maison de Claudine, de Colette, qu’on ne présente plus, un court roman que j’avais déjà mis dans ma pile à lire de l’été l’an dernier, mais que je n’avais finalement pas eu le temps de lire… espérons que j’y arrive cette année !
The Dictionary of Lost Words, de Pip Williams, qui fait partie des romans de mon #12Challenge de cette année et vu que je suis un peu retard sur ce challenge, il faudrait que je m’y attelle, d’autant que ce roman a tout pour me plaire.
Je compte aussi emmener des BDs en vacances, notamment le Super Mâtin de l’Été, et deux tomes de L’Arabe du Futur de Riad Sattouf (le tome 3 et 4) et avec tout ça je me rends compte que cette pile à lire n’est, encore une fois, pas très réaliste, mais sait-on jamais…
Et vous, vous lisez quoi cet été ?
Sur ce, je vous souhaite une jolie fin de mois d’août et une bonne rentrée - je ne pense pas que j’aurai l’occasion de vous écrire avant le mois de septembre, alors j’espère que votre été vous aura apporté du repos (si possible) et de la douceur.
Bon dimanche et à bientôt !
Du très bon thé d’ailleurs - c’est la maison Christine Dattner dont je n’avais jamais goûté les thés et qui m’a séduite avec son Chaï vanille et son rooibos Tendre Madeleine, deux références réconfortantes.
En quelque sorte : parce que je me sens absolument pas vieille, même si je sens qu’à bientôt 35 ans, une partie de la société aimerait que je commence à me sentir vieille, mais ça c’est une autre histoire…
Cet extrait de poème provient d’une anthologie de Louis Aragon que je me suis offerte récemment, Il ne m’est Paris que d’Elsa (aux Éditions Seghers), que je ne pouvais que m’offrir pour faire perdurer mon amour de la ville lumière.
Quel bel au revoir !! On ne pouvait espérer mieux je crois. J’espère que nous aurons l’occasion d’enfin nous rencontrer malgré ton départ, lors d’un prochain passage par les rues de Saint-Germain peut-être 😊