Bonjour,
Cette semaine j’ai fêté mes 35 ans. Vous me connaissez un peu maintenant, parler du temps qui passe, c’est un peu mon fond de commerce (enfin, façon de parler, cette newsletter ne me rapporte pas un seul centime).
Cet anniversaire est arrivé avec discrétion, comme tous les anniversaires d’adultes - il est relativement loin le temps où l’approche de mon anniversaire m’empêchait de dormir, trop excitée à l’idée de découvrir attentions et cadeaux à mon égard. Et pourtant, j’y pensais régulièrement depuis quelque temps, peut-être même davantage que lors de l’approche de la trentaine-toute-ronde.
Il y a quelques années seulement, l’arrogance de la jeunesse me faisait dire que je ne pensais pas vraiment au temps qui passe, que mon âge n’était qu’un nombre qui ne veut trop rien dire et autres choses du genre. En réalité, je le pense toujours, d’une part parce qu’objectivement, trente-cinq ans est encore un jeune âge, et d’autre part parce que moi, personnellement, je me sens plutôt bien dans mes baskets.
J’ai enfin laissé derrière moi nombre de questionnements de jeunesse, d’insécurités, de doutes. Je me sens plus réfléchie, plus sereine souvent, j’ai fini par trouver un métier qui me plaisait, un partenaire de vie avec qui je prends plaisir à cheminer et franchement, tout va bien. C’est une grande chance, je pense, de ressentir tout ça, et j’en suis bien consciente.
Mais quand même, ça me fait tout drôle d’avoir 35 ans, déjà. Je suppose que c’est ça, être adulte, sans cesse se demander où sont passées les années et toujours se sentir bloqué à un âge bien plus jeune dans son esprit.
Je souris en voyant les adolescents d’aujourd’hui habillés comme moi à leur âge, un peu étonnée tout de même que cette mode affreuse des cheveux plaqués au gel soit de nouveau au goût du jour et je me demande si eux, en me voyant, me prennent pour une vieille. Au travail, quand j’inscris quelqu’un‧e qui est né‧e après l’an 2000, ça continue de me faire bizarre, surtout quand cette personne est majeure. Je suis de cette génération de dinosaures qui a connu les débuts d’internet, mais qui a vécu une enfance sans écrans, ou presque. Bref, je suis une enfant des années 90’ et j’ai toujours l’impression que c’était hier.
En réalité, cet anniversaire me fait tout drôle parce que ça y est, il est une question qu’il devient de plus en plus difficile d’éluder : est-il temps d’avoir un enfant ?
La question de la maternité est désormais une question pressante, étant donné que la nature est mal faite, et qu’il s’agit de ne pas trop tarder quand on est une femme. D’ailleurs, si je tombe enceinte, maintenant que j’ai dépassé trente-cinq ans, il est fort probable que ma grossesse sera d’autant plus surveillée car ce sera une grossesse gériatrique. (cette expression est absolument infâme)
Ce questionnement ne date pas d’hier, j’y pense régulièrement depuis quelques années et en bonne personne qui intellectualise peut-être un peu trop de choses, j’ai lu toutes sortes de livres sur la question - des témoignages de femmes qui ne voulaient pas d’enfants, des témoignages de parentalité, etc. Je demande aussi systématiquement à toutes mes copines qui ont des enfants pourquoi elles ont choisi d’en avoir.
On le demande toujours avec beaucoup de suspicion aux personnes qui n’en veulent pas, mais je trouve beaucoup plus intéressant de savoir ce qui a pu pousser quelqu’un à vouloir être parent. Sans doute parce que je n’ai jamais eu cette envie soudaine, pressante et incontrôlable d’avoir des enfants, alors j’ai envie de savoir ce qui a bien pu pousser les autres à en avoir.
D’autant plus que moi, comme souvent, je suis l’indécision même : je crois que j’ai envie de vivre cette expérience (je n’ai jamais été sûre de ne pas en vouloir comme d’autres personnes de mon entourage qui ont cette certitude davantage chevillée au corps) et pourtant, je n’ai toujours pas ressenti que ça y est, c’était le bon moment. Le ressent-on un jour ?
À travers ce questionnement (mais pas seulement), je me rends bien compte que je ne suis pas une personne à épiphanies. Ces personnes existent-elles seulement ? Ou ne sont-elles que des personnages de fiction qui ne doutent jamais de rien ? J’en parlais la dernière fois, quand plus jeune je n’avais en tête que de trouver l’amour, je m’imaginais toujours savoir au premier regard que ce serait lui… Or, dans la réalité, ce n’est jamais arrivé comme ça, d’un coup d’un seul.
Alors j’imagine que le désir d’enfant ne me tombera jamais dessus comme un piano sur la tête d’un personnage des Looney Toons, et que je vais continuer à me questionner encore un peu. Je pensais simplement avoir encore toute la vie devant moi, mais apparemment non… car je viens d’avoir 35 ans.
À regarder & à lire
Comme je vous le disais également la dernière fois, j’ai réussi à renouveler l’exercice du partage de mes découvertes culturelles sur Instagram, alors je vous invite à aller découvrir ce que j’ai aimé en ce début d’année, juste ici !
Mais depuis, il y a eu d’autres coups de cœur (et déceptions) alors en voici un morceau…
📚 Côté lecture, j’ai beaucoup, beaucoup aimé Rita, de Marie Pavlenko (suite à la recommandation de Audrey, du Souffle des Mots). Dans ce roman (ado/YA) on n’a de cesse de se demander : mais que diable est-il arrivé à Rita ?! Elle, qui venait fraîchement de débarquer en terminale dans son nouveau lycée un peu huppé, et qui venait de se lier d’amitié avec une petite bande d’amis tous différents mais assez unis ?
Le roman fait d’ailleurs parler ses amis, ce sont eux qui racontent Rita, leur rencontre, leurs joies, leurs peines, et j’ai adoré cette diversité de voix, leur regard sur leur amie, plein de bienveillance et d’amour. Il y est question de choses assez dures, mais malgré tout, j’ai trouvé cette lecture lumineuse.
Dans un autre registre, j’ai aussi beaucoup apprécié ma lecture de La chair est triste hélas, d’Ovidie, où cette dernière parle de son arrêt de la sexualité avec des hommes. C’est un témoignage intime, qui est un point d’étape dans la vie de l’autrice, ce qui lui permet d’exprimer sa colère et ses déceptions face aux relations intimes avec les hommes. Quelques maladresses (dont un fameux not all men) mais une colère partagée, pour une lecture qui m’a pas mal remuée.
Juste un mot sur une déception toute fraîche. J’ai terminé ce matin même (à l’heure où je vous écris) Son odeur après la pluie, de Cédric Sapin-Defour, ce succès inattendu de librairie, où l’auteur brosse un portrait amoureux de sa vie avec son chien Ubac, retraçant leur existence à deux, du début à la fin, inévitable.
Eh bien ça n’a vraiment pas été le livre émouvant que j’attendais ! Le style prétentieux et ampoulé, les phrases alambiquées et envolées lyriques plein de mots savants m’ont coupée de toute émotion - et pourtant, je suis une grande sensible, à fortiori lorsqu’il s’agit d’animaux1.
Pour tout vous dire, si je n’avais pas eu du temps à tuer ces deux derniers jours, je pense que je ne l’aurais tout bonnement pas terminé. Et ça non plus, ça ne m’arrive pas souvent…
🎬 Au cinéma, j’ai récemment vu deux films britanniques qui m’ont tout à fait charmée. Tout d’abord Une Vie, avec Anthony Hopkins, un film qui retrace l’histoire (vraie) de Nicholas Winton, un britannique qui aura réussi à sauver plus de six cent enfants juifs de la Shoah, juste avant que la Seconde Guerre Mondiale n’éclate pour de bon.
La réalisation est très sobre, le rythme est lent, mais les interprétations des acteurs sont touchantes tout comme l’est cette histoire méconnue. À découvrir !
Je vous recommande aussi Scandaleusement votre (Wicked Little Letters en VO), aussi une histoire vraie2 où dans une petite ville anglaise, Edith Swan reçoit soudainement des lettres anonymes truffées d’insultes. Très vite, sa voisine, Rose Gooding, au langage fleuri et mœurs jugées légères est accusée, mais tout le monde ne la croit pas coupable…
C’est un petit film drôle et léger (mais pas que) où vous pourrez faire le plein d’insultes originales, au trio d’actrices assez remarquables et où il se distille un léger parfum de féminisme. Pas immanquable, mais chouette malgré tout !
💻 J’ai récemment pris le temps de regarder cette vidéo sur Youtube, qui parle de la lecture comme outil esthétique sur Instagram/Tik Tok et j’ai trouvé le tout intéressant et pertinent !
📺 J’ai récemment terminé de regarder la seconde saison de The Bear (sur Disney +) et je ne peux que vous conseiller de la regarder. Je l’ai trouvée encore plus fine et intéressante que la première saison, et les évolutions des personnages : chef’s kiss, tout simplement.
En ce moment on regarde The Gentlemen (sur Netflix) et bon, je ne sais pas encore si j’aime bien à vrai dire (mais les intérieurs et acteur‧ices sont beaux, c’est déjà ça). En revanche, peut-être qu’il est encore trop tôt pour en parler (on a tout juste regardé le premier épisode) mais je crois que Extraordinary (sur Disney + aussi) est assez prometteur !
On y rencontre Jen, une jeune adulte un peu paumée et pour cause : dans un monde où chacun‧e a un super-pouvoir, elle est la seule à ne pas en avoir développé un…
Le premier épisode m’a beaucoup fait rire, c’est décalé et irrévérencieux à la fois, et j’ai hâte de découvrir la suite !
Je termine avec cet extrait d’un album aux accents soul que j’ai beaucoup aimé écouter ces derniers jours, je le trouve parfait pour à peu près tout le temps, mais particulièrement pour vous enrober de douceur et de calme, un dimanche après-midi…
Sur ce, à bientôt, ici ou ailleurs sur internet - je vous souhaite un beau dimanche !
Il m’arrive encore de repenser avec la larme à l’œil à cette histoire affreuse d’un chat qui a été sciemment écrasé par un train dans une gare SNCF parisienne il y a un an ou deux, c’est vous dire.
Les films britanniques qui racontent une histoire vraie : l’un de mes genres favoris, really.
Encore un bon anniversaire ! 🎂 Trop contente que tu commences Extraordinary, je vais enfin avoir quelqu’un avec qui parler de cette série 🙌🏻