Bonjour,
Je n’étais pas certaine de prendre le temps de vous écrire avant mon concours (qui aura lieu dans cinq jours à l’heure où je vous écris) mais comme je suis loin de passer mon temps le nez dans mes fiches (comme je le devrais peut-être…) me voici de nouveau dans vos boîtes mail, pour vous parler d’un sujet qui occupe une large part de mes pensées depuis de longs mois : est-il temps de quitter Paris ?
Vous n’êtes pas sans savoir que je travaille en bibliothèque depuis un an et demi maintenant (ce que le temps passe vite). Mais ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que ma bibliothèque se trouve environ à une heure de chez moi, en dehors de Paris. Je suis à contre-courant sans vraiment l’avoir voulu car figurez-vous qu’être bibliothécaire à Paris intra-muros est un peu plus compliqué que l’être partout ailleurs.
Ça fait donc un an et demi que je passe environ deux heures par jour à relier ma bibliothèque et mon chez-moi, et vice-versa, sans trop y rechigner en réalité (mon heure de RER me permet de lire beaucoup et mon petit quart d’heure de marche le matin m’emmène à travers un paysage un peu plus vert que celui qui m’entoure à Paris). Malgré tout, je me suis très vite posé la question d’emménager dans les environs de mon lieu de travail… mais quand ça fait plus de quinze ans qu’on vit quelque part, quasiment toujours dans le même quartier de surcroît, envisager de quitter ses habitudes ça fait un peu peur.
En plus il faut bien que je vous le précise : j’habite en plein cœur de Paris, rive gauche, dans l’un des quartiers les plus beaux de la ville et si j’y ai d’abord emménagé par hasard en 2008, j’ai fini par y passer le plus clair de ma vie, de petits appartements loués un peu à l’arrache (en sous-location), en passant par de la colocation, jusqu’à ce petit deux pièces avec vue sur les toits dans lequel je suis aujourd’hui avec mon mec depuis quatre ans déjà.
J’ai bien conscience de la chance de pouvoir m’offrir cette vie en plein quartier latin, fantasme de tout américain‧e, qui n’a qu’une vision très romantique de Paris, entre macarons Ladurée et café hors de prix aux Deux Magots.
Alors évidemment je profite de cette chance et je crois qu’il ne se passe pas une journée sans que je m’extasie à la vue du paysage parisien qui m’entoure - je me sens très souvent comme Rémy dans Ratatouille qui, alors qu’il contemple la ville lumière, se dit “Ah Paris…”.
J’aime follement traverser le Pont Neuf le matin pour aller rejoindre mon RER, et admirer la Seine encore endormie, rentrer du cinéma en passant par le Pont des Arts, et parfois faire un détour par le Jardin du Luxembourg même si je me dis tout le temps qu’il y a trop de monde partout.
J’ai des souvenirs dans tous les coins des rues, du 6e arrondissement, jusqu’au 9e, en passant par le Marais et je traverse souvent ces réminiscences avec le sourire : les après-midis à la fac d’anglais rue Charles V, les sorties nocturnes autour d’Arts et Métiers, les balades en vélo le long de la Seine, les livres lus aux Tuileries, les retours du ciné, seule et pensive, les promenades nocturnes autour du Louvre…
Si les gens ont fait des allées et venues dans ma vie1 le paysage n’a, lui, pas vraiment changé durant toutes ces années.
Ce n’est donc pas seulement mes habitudes, mes restaurants favoris ou mes boulangeries de quartier2 qui vont me manquer, c’est aussi tous ces souvenirs, ces strates d’existence qui se superposent et que je traverse tous les jours que je vais laisser derrière moi, comme si j’allais laisser une part de moi-même dans cette ville où j’ai vécu tellement d’existences différentes…
Peut-être que vous me trouverez trop sentimentale, que j’exagère sans doute un peu aussi et que ça suffit avec toute cette nostalgie, mais que voulez-vous, chacun ses défauts.
Ceci étant dit (et parce que je ne suis pas à un paradoxe près) j’ai des envies d’espace et de verdure notamment qui impliquent que, forcément, un jour je ne vivrai plus dans cette ville chérie (car louer un appartement à Paris est une chose, mais alors acheter c’en est une autre et, à moins de gagner au loto demain, ce n’est absolument pas possible). Et puis, je l’avoue volontiers, j’envie parfois mes collègues qui vivent tous à moins d’une vingtaine de minutes de la bibliothèque.
Je sais que bientôt, il faudra bien se résoudre à quitter Paris et fermer ce chapitre (bien rempli) de ma vie, mais je ne sais pas à quel point le chapitre suivant me plaira, d’autant plus qu’il s’accompagne fatalement de plein de questions d’adulte (passer le permis, peut-être acheter un bien immobilier et que sais-je encore).
En attendant, je savoure le plaisir de vivre ici et puis j’essaie de me rassurer, moi et mon côté drama queen : après tout, je resterai en région parisienne…3
Un manga à lire & un film à aller voir au cinéma
Comme je vous le disais dans ma dernière newsletter, je ne me suis toujours pas replongée dans un vrai livre. Je lis des magazines (j’aime beaucoup Causette, dont je rattrape les derniers numéros ces jours-ci) et puis j’ai aussi passé un bon moment avec le tome 1 du manga Chats des Rues qui est sorti récemment.
Encore un manga avec des chats ! me direz-vous, et c’est vrai qu’il en existe déjà pas mal (j’ai en tête Chi - que je n’ai pas lu encore - et Le chat qui rendait l’homme heureux, que j’ai lu en partie) mais bon, on adore les chats, non ?
Ici on suit la vie de Maruru, un chat qui s’est malencontreusement éloigné de chez lui et ne retrouve plus son chemin. Heureusement, sa route a croisé celle de Hachi, un chat des rues aguerri, qui finit par l’accepter sur son territoire et qui lui montre comment survivre. Ce premier tome présente les personnages et leurs premières petites aventures ensemble et le tout sous des traits très mignons, évidemment.
Sinon, je suis allée voir Misanthrope au cinéma il y a peu, et si je ne m’attendais pas forcément à grand chose (hormis de voir un film qui me tiendrait en haleine), j’ai été assez étonnée de la finesse et de l’intelligence du propos développé dans le film.
On y suit une enquête, suite à une tuerie de masse aux États-Unis, qui réunit une flic (Shailene Woodley) qui a de bonnes intuitions et l’agent du FBI en charge de l’enquête (Ben Mendelsohn). Le film égratigne sans vergogne la société américaine et particulièrement les forces de l’ordres, soumises aux pressions politiques dans une société où les médias sont omniprésents.
Tout n’y est pas parfait, mais le film m’a marquée à travers son suspense et sa cinématographie léchée - à découvrir, mais accrochez-vous, c’est sombre et un poil déprimant.
Je vous laisse avec cette chanson ô so cliché, mais que j’adore. Il faut croire que j’ai le même émerveillement pour Paris qu’un‧e américain‧e et ma foi, ça me va.
Et vous, entretenez-vous le même rapport avec l’endroit où vous vivez (ou avez vécu longtemps) ? N’hésitez pas à partager vos histoires avec moi - le bouton ci-dessous est fait pour ça !
Bon dimanche et à très vite !
Comme je vous en parlais il y a peu dans une de mes précédentes éditions.
J’ai deux boulangeries favorites dans mon quartier, dont une que j’ai découverte tout récemment et qui fait du pain au levain (et du flan) à tomber par terre, et dieu sait que j’aime le pain (et suis exigeante). Donc si d’aventure vous passez rue du four, allez vous ravitailler chez Painn !
En plus, je n’ai pas le temps de le développer mais : je suis une casanière qui ne profite jamais assez de ce que la ville m’offre, mais bon c’est souvent comme ça non ? Avoir la possibilité de faire quelque chose (comme aller boire un café au Flore - chose que je n’ai jamais faite - ou visiter le Louvre à tout moment) c’est déjà suffisant.
Je sais pas si tu connais le manga "La gameuse et son chat" c'est mignon aussi :) Pour ce qui est de vivre au vert, je pense qu'avoir un jardin et la tranquillité qui va avec n'a pas de prix!